S’ÉDUQUER POUR ÉDUQUER
Dans ces pages dédiées aux questions éducatives, nous rapportons quelques points simples et concrets pris des catéchèses de Mère Elvira aux jeunes sur l’importance de l’éducation. Nous croyons que ces réflexions, nées de l’expérience vécue, peuvent nous aider à redonner importance et valeur aux gestes simples mais fondamentaux de notre vécu.
“Beaucoup de fois les enfants voient des querelles, entendent des cris, perçoivent de l’indifférence: faisons leur voir des gestes de pardon, des larmes de repentir, des embrassades de miséricorde. Mère Elvira
Enseigner la Route du Pardon Il est nécessaire de former les enfants à l’amour envers tous et à la miséricorde; nous devons leur enseigner à pardonner et à se pardonner. Quand donc ont-ils entendu ces paroles entre les murs de la maison: “Pardonne-moi, excuse-moi, je me suis trompé”? Quand donc après une querelle ont-ils vu les parents se regarder dans les yeux et se demander “pardon”, en s’embrassant tendrement? Beaucoup de fois les enfants voient des querelles, entendent des cris, perçoivent de l’indifférence: faisons leur voir des gestes de pardon, des larmes de repentir, des embrassades de miséricorde! Enseignez-leur à ouvrir le coeur à Jésus, en le faisant vous les premiers dans un moment de prière familiale, en vous demandant pardon face à la Lumière de Dieu et en vous pardonnant. A la maison vous devrez avoir toujours un coin avec une image de la Madone ou de Jésus où l’enfant, déjà tout petit, apprend à parler avec Jésus en vous écoutant. Enseignez-leur à dire à Jésus ce qu’ils ont à l’intérieur, parce que entretemps sous peu, ils vous échapperont et ensuite où iront-ils pleurer? Qui iront-ils consulter pour raconter l’injustice qui leur a été faite? Comment feront-ils pour la surmonter? Comment feront-ils pour pardonner à ces personnes? Et alors naîtra en eux la haine, la rancoeur, la vengeance, parce que, ce qu’ils ont vécu et souffert, n’a pas débouché sur un dialogue, une prière dans le coeur. Si au contraire quelqu’un leur a enseigné à parler avec Dieu, à Lui ouvrir son coeur, ils auront un ami vrai capable de redonner la paix, la joie. Nous devons enseigner à l’enfant à demander pardon quand il accomplit quelque chose qui ne va pas; il en a besoin, lui, pour réavoir la paix, pour apprendre à écouter sa conscience et distinguer le bien du mal. Quand l’enfant n’obéit pas au Papa, la maman doit lui enseigner que c’est important de demander pardon. Vous devez faire en sorte que l’enfant aille et demande pardon, parce que c’est la route pour réavoir la paix; sinon l’enfant devient indifférent et attribuera moins de respect aux actions qu’il accomplit. Les enfants s’attendent à la correction à ce moment, déconfits quand ils font quelque chose qui ne va pas bien, ils regardent d’abord s’il n’y a personne et ensuite agissent, ou bien quand quelqu’un les voit, ils cherchent le regard du papa et de la maman pour avoir leur avis. Et si le papa voit mais pense: “Mais non, cela n’a pas d’importance”, ou bien fait semblant de ne pas voir, il fait du mal à l’enfant. Parfois l’enfant semble presque nous défier, il continue à déranger ou à faire quelque chose qui n’est pas bien pour voir si quelqu’un fait attention à lui, si quelqu’un s’intéresse pour l’éduquer. C’est important que l’enfant apprenne à voir ses erreurs et à demander pardon quand il fait des gestes non éduqués. Il n’est pas nécessaire d’exiger de l’enfant qu’il ne se trompe jamais, qu’il ne “tombe” jamais, parce que c’est impossible, mais il est nécessaire de leur enseigner comment faire pour se réconcilier et se relever. Il tombera et se trompera encore dans la vie, mais quelqu’un lui aura enseigné la route pour avoir de nouveau la paix. Une fois, j’étais dans une de nos missions et je vois une de nos “tantes”, qui est aussi épouse, mettre dans le coin un enfant parce qu’il s’est battu avec un autre durant le jeu: elle l’appelle avec paix et fermeté, sans hausser la voix, et lui dit: “Martin, va sur le carreau”. Il y avait un carreau sur lequel l’enfant devait rester immobile: c’était la punition. Lui, immobile là, pleurait; moi alors je suis allée près de lui et lui ai dit: “Mais trésor, demande pardon! Que veux-tu faire, rester jusque demain sur le carreau?”. Alors lui après un petit moment a regardé vers la “tante” en disant: “Pardon! Pardon!”. Elle est sortie de la cuisine, l’a regardé avec un sourire lumineux et lui a dit: “Pardonné!”. Et ensuite elle lui a indiqué avec le doigt l’enfant avec lequel il s’était battu, et lui a couru lui demander pardon; ensuite il s’est tourné en souriant vers la “tante”, heureux, comme pour lui dire: “Merci parce que tu m’as enseigné qu’avec le pardon on retrouve la paix et l’amitié”. Et la “tante” a fait tout cela sans rester là à faire de nombreux discours: “Ne le fais plus hein; si tu le fais encore, gare à toi, hein; je le dis à ton père”. Pas un demi-mot de plus! Elle lui a donné une punition pour un comportement erroné, lui a compris et demandé pardon, et elle lui a pardonné. Il se trompera encore cent fois, se querellera encore, et nous ne pouvons pas exiger des enfants qu’ils ne le fassent plus; si nous leur faisons promettre plus qu’ils ne peuvent faire, nous leur enseignons à dire des mensonges pour obtenir ce qu’ils veulent de nous. Mais ce qui est beau au contraire est précisément ce fait: qu’elle lui a enseigné à demander pardon. Cela fait un bien énorme à l’enfant parce qu’il expérimente que le pardon reconstruit l’amitié, la confiance, qu’on peut toujours recommencer. Et alors aucune erreur dans la vie ne sera si grande qu’on ne puisse recommencer, aucune erreur ne sera si grave qu’on ne puisse se réconcilier avec une parole simple mais sincère dite avec le coeur: “Excuse-moi, pardonne-moi!”. (d’une catéchèse de Mère Elvira)
La mission m’enseigne à pardonner et à être pardonnée Ma demande de pardon d’abord aux enfants avec lesquels je vis, transforme mon orgueil en humilité, et je crois que mon exemple renettoie et éduque aussi leur conscience. Par exemple, avec moi vit une enfant qui répond toujours de façon brusque. Un jour j’étais à la chapelle et les enfants entraient et sortaient en faisant du bruit; moi j’étais en train de perdre la paix quand cette enfant est entrée pour chercher quelque chose. Quand je lui ai demandé de sortir, elle n’a pas répondu mais a claqué la porte tellement fort que je pensais qu’elle allait tomber. Ensuite toute la journée est passée et moi j’avais déjà oublié cet épisode. Mais avant de dormir elle est venue à ma rencontre en me disant: “Tante, tu as une minute?”. J’étais étonnée parce qu’elle me parlait comme l’aurait fait une adulte. Elle m’a demandé pardon et m’a dit: “D’abord je suis allée chez Jésus pour m’excuser et ensuite j’ai compris que c’était juste de te demander aussi pardon”. Moi je lui ai répondu avec un grand sourire et une forte embrassade de réconciliation. Depuis ce jour j’ai commencé à la regarder avec d’autres yeux parce que j’ai reconnu en elle la force de demander pardon pour réussir à aller au-delà de ses chutes quotidiennes. Biljana
C’était ici que le Seigneur nous attendait avec une patience infinie, conscient de notre faiblesse. C’était ici que sa Miséricorde voulait arriver pour nous guérir encore. Nous ne nous sommes jamais demandé vraiment pardon, et nous avons dû arriver jusqu’à aujourd’hui pour ouvrir finalement nos yeux sur une chose si importante: le pardon sincère dans notre couple. PARDON: un mot si petit, simple, pourtant pour nous si difficile à prononcer. Nous ne nous sommes jamais demandé pardon de façon explicite ni pour les petites choses ni pour les grandes, en tenant le pardon toujours pour acquit, en générant ainsi des incompréhensions, des rancoeurs et des silences. Quel air pesant nos enfants ont dû respirer, que de gueules tirées, que de prétention que l’autre comprendrait sans devoir parler, uniquement à cause de l’incapacité de nous dire: “Excuse, je te pardonne, pardonne-moi”. Nous comprenons maintenant combien sont vraies les paroles de Mère Elvira quand elle dit: “ cette figure triste, ces paroles dures polluent au-delà de nous aussi le coeur de l’enfant!”. Pour éviter des problèmes et des discussions, au lieu de nous ouvrir et de dialoguer, nous avons souvent préféré la route la plus facile: faire semblant de ne pas voir que cette fermeture était la route la plus erronée, qui a apporté des incompréhensions et de la tristesse dans nos enfants, en les poussant à chercher la joie dans de nombreuses choses erronées que le monde propose. Beaucoup de blessures dans notre enfant, beaucoup de fermeture et d’incapacité de dialogue ne seraient arrivées s’il avait vu Maman et Papa réconciliés et sereins. Combien de fois il aurait suffi d’un mot pour faire revenir le sourire et la bonne humeur dans la maison. “Que le soleil ne se couche pas sur votre colère”: comme ces paroles de Saint Paul sont vraies. Il n’y a pas toujours de la colère, il n’y a pas toujours de grands conflits; parfois ce sont de petits différents qui cependant, s’ils ne passent pas tout de suite dans le nettoyage du pardon, ouvrent un passage au mal qui augmente et se renforce. Jamais comme maintenant nous n’avons été conscients que nous avons besoin de l’aide de Dieu, unique source d’amour et de miséricorde, pour demander et donner le pardon en laissant vaincre le bien qui nous donne la vraie paix. Nous voulons apprendre toujours plus, avec liberté, à exprimer nos émotions avec les mots et les gestes sans peur, pour nous dire: “Pardonne-moi, excuse-moi, je te pardonne, je t’aime”. Que c’est beau d’être en communauté, que c’est beau de cheminer ensemble et de découvrir que Dieu, comme nous dit le prophète Isaïe, veut chaque jour faire en nous une chose nouvelle: elle germe précisément maintenant, ne vous en apercevez-vous pas?. Paolo e Marina
“Quels sont les lieux où mûrit une vraie éducation à la paix et à la justice? Surtout la famille, car les parents sont les premiers éducateurs. La famille est une cellule à l’origine de la société. C’est dans la famille que les enfants apprennent les valeurs humaines et chrétiennes qui permettent une cohabitation constructive et pacifique. C’est d ans la famille qu’ils apprennent la solidarité entre les générations, le respect des règles, le pardon et l’accueil de l’autre. C’est la première école où l’on est éduqué à la justice et à la paix”
Pape Benoît XVI – Message pour la Journée Mondiale de la Paix 2012
La mission est une grande école de vie. La présence des enfants est en train de m’enseigner à pardonner. Leur rapidité à pardonner et à recommencer peut seulement venir de Dieu parce que ce n’est pas une force seulement huamaine. Combien de fois ils sont venus à ma rencontre avec les bras grand ouverts et un grand sourire sur les lèvres pour demander pardon! C’est un geste qui chaque fois me fait ouvrir le coeur et est précisément un moment dans lequel Dieu passe au milieu de nous. Les dernières répétitions de la chorale en furent un exemple concret: un enfant continuait à faire tout autre chose que chanter. Pendant quelque temps, je lui ai laissé le temps de se remettre à chanter. Après trois corrections, je l’ai mis à la porte; je lui ai expliqué qu’il pouvait rentrer dans le salon après quelque temps s’il voulait chanter. Lui s’est offensé et senti humilié devant les autres enfants, et il essayait d’entrer en poussant la porte. Ce fut beau quand, après trois minutes, je suis sortie et lui était calme, serein, avec une figure qui me disait: “Pardonne-moi”. Nous nous sommes embrassés et nous sommes rentrés dans le salon ensemble. Je vois qu’il y a plus d’amitié et de vérité entre nous après chaque moment de pardon: c’est Dieu qui redonne à nos coeurs le désir de toujours recommencer. suor Susan
Je me suis drogué pendant plus de dix ans jusqu’à ce qu’on me propose le chemin de la Communauté, qui était l’unique espoir. J’étais toujours très en colère, orgueilleux, tout m’agaçait. En Communauté j’entendais répéter que si tu ne retrouves pas la paix avec toi-même, tu ne seras jamais heureux, et moi je me sentais malheureux. En priant, un jour, une voix s’est fait entendre dans mon coeur: “ Prie, prie, mais pourquoi ne pries-tu pas pour toute la colère que tu as envers ton père?”. Le Seigneur voulait guérir mes racines. Ce fut la vérité la plus dure et la plus douloureuse à affronter. J’ai toujours eu une relation difficile avec la famille, spécialement avec mon papa. Pour réussir à entretenir ma famille, mon père pensait, de manière juste, toujours au travail. Il avait beaucoup de problèmes que je ne comprenais pas. En priant je revoyais beaucoup de colère, beaucoup de blessures, mais je ne réussissais pas à trouver une manière de pouvoir me réconcilier avec lui. J’ai commencé aussi à jeûner, jusqu’à ce que petit à petit de nombreux beaux souvenirs reviennent en mémoire de quand mon papa m’aidait à faire les devoirs, de quand il m’a rapporté l’oeuf “kinder” à la maison et ensuite m’a monté la surprise, de quand il est venu voir le match de football... toutes choses dont je ne me souvenais plus, et ainsi j’ai commencé à voir mon père de façon nouvelle. Ensuite est arrivé le moment de la vérification en famille. J’avais un grand désir de réembrasser mon père, de le revoir, de le remercier, mais plus je m’approchais et plus cela m’était difficile. Je me rappelais la voix de Mère Elvira: “Quand tu retournes à la maison, pardonne tout, embrasse ton père, étreins-le fortement, ne le condamne pas, pardonne lui!”. Mais d’un autre côté, il y avait le mal qui me disait: “Non, mais regarde, ce n’est pas vraiment ainsi, il t’a fait beaucoup de mal”. Finalement, quand nous nous sommes revus après des années, l’amour et l’affection ont été les plus forts. J’ai embrassé mon père pour la première fois après vingt-huit ans de vie. Je lui ai dit merci pour la vie qu’il m’a donnée, je lui ai demandé pardon pour tous les problèmes que je lui ai causés. Nous avons pleuré comme deux enfants. Durant ces jours, nous avons ensuite fait des choses simples ensemble, belles, qui nous ont donné beaucoup de paix et de joie dans le coeur. Cet embrassement de pardon m’a rendu un regard nouveau sur la vie. Gabriele
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