Je m’appelle Carolina, j’ai vingt-quatre ans et chaque jour que je vis dans la Communauté Cenacolo, j’apprends à me connaître et m’aimer toujours plus dans la vérité. Depuis que je suis petite, c’était un problème de m’accepter pour ce que j’étais car souvent avec les autres enfants je ne me sentais pas à la hauteur et j’avais du mal à me faire des amies ; j’étais très timide et assez introvertie. Je ne sentais pas ma famille proche de moi car mes parents, à l’époque, travaillaient beaucoup. Pour que rien ne manque à la maison, ils manquaient toujours leur rendez-vous avec la vie de leurs enfants ; avec eux je ne pouvais pas avoir une relation sincère et réelle alors qu’avec ma sœur plus jeune s’était créé un lien assez fort. Je me sentais un peu responsable d’elle car j’étais la plus « vieille » mais d’autre part, je voyais que mes parents avaient des manières très différentes de se comporter avec nous ; je vivais donc beaucoup de jalousie qui me rendait dure et violente envers eux. La famille m’a quand même transmis une bonne éducation que, pendant mon enfance, j’ai acceptée avec confiance. A la maison nous étions « chrétiens » et j’ai connu Jésus mais avec une vision peu réaliste de la foi en croyant qu’avec Lui la souffrance ne devait pas exister. Ainsi, quand j’ai commencé à souffrir, j’ai été déçue et je me suis éloignée de Dieu. Vers douze ans, pendant l’adolescence, j’ai commencé à me poser beaucoup de questions et à regarder autour de moi ; la situation familiale était toujours plus difficile, il y avait beaucoup de problèmes mais on n'en parlait jamais, on les cachait derrière un silence pesant. En moi, la rage et la déception se sont déclenchées parce que je commençais à voir trop d'incohérences et ainsi j’ai donc explosé dans un mal être qui d’abord s’est manifesté à l’école en étant indisciplinée puis, en famille en refusant d’écouter mes parents et enfin avec mes amis avec lesquels j’ai commencé à « mettre des masques » pour qu’on m’accepte et pour ne plus me sentir seule. Tout cela m’a amenée à perdre ma personnalité et à chercher à remplir mon vide dans des relations fausses avec les jeunes de mon âge en perdant ma dignité et les valeurs de la vie. Je suis tombée toujours plus dans la tristesse en vivant une vie déséquilibrée qui, à seize ans, m’a conduite à abandonner l’école et à utiliser des drogues d’abord « douces » et ensuite « dures » jusqu’à dépendre totalement des soirées en boîtes de nuit et du « dévergondage ». Je ne cherchais plus que cela parce que ça me semblait la seule solution à mes problèmes. J’étais si déçue et assez idiote pour me croire libre, décontractée et heureuse dans le mal; je n’étais pas capable de travailler et je dépensais beaucoup d’argent en volant même à la maison car je n’en avais jamais assez. J’ai commencé à vivre en ne pensant qu'à la drogue, je ne fréquentais même plus les boîtes de nuit et je passais la plupart du temps dans la rue. C’est ici que j’ai rencontré l’héroïne. Je me justifiais en disant: "Seulement aujourd’hui, demain j’arrête", mais demain n’arrivait jamais. C’était un secret à moi, je le faisais toute seule mais après c’est devenu une réalité constante qui me dominait : j’ai eu peur de ne plus pouvoir en sortir. J’ai demandé à ma mère de m’aider et elle m’a proposé la Communauté Cenacolo mais quand j’ai découvert qu’il s’agissait d’une communauté chrétienne, j’ai refusé car je rendais Dieu coupable de tout le mal que je vivais. J’étais fausse avec moi-même, je pensais ne pas être « droguée » parce que j’étais encore jeune, je n'avais pas l’hépatite, mes dents ne tombaient pas et je n’étais pas en manque… Je pensais que cela ne valait pas la peine de faire autant de sacrifices vu qu’au fond j’étais « en forme ». Je suis donc partie de la maison et j'ai choisi la rue en continuant à me droguer. Mais cette vie était un enfer; très vite, mes illusions se sont écroulées, je ne voyais plus d'avenir, j’étais mal physiquement et je tombais toujours plus bas à tel point que je ne réussissais plus à me « camoufler » et j'avais une honte profonde. Comme je n’avais pas d’autres portes ouvertes en dehors de la Communauté, j'ai finalement décidé d'y entrer et de me faire aider. Je me suis sentie accueillie avec beaucoup de patience ; ce qui m’a frappé le plus au début c’est que, alors que moi je repoussais les personnes à côté de moi, que je les insultais et que je les méprisais, elles, elles m’aimaient. Souvent, je m’isolais, je faisais des choses en cachette, je désobéissais…mais il n’y avait pas de punitions, il m’était seulement demandé de repartir pour être honnête et vraie. J’ai recommencé à avoir confiance en Jésus quand j’ai vu que dans la souffrance Il était là ; quand j’étais mal, je Le sentais encore plus près de moi à travers les autres et dans la prière. Pendant mes deux premières années en Communauté, je gardais encore beaucoup de "ténèbres » dans le cœur car la drogue et la « rue» me plaisaient encore et je m’en suis rendu compte quand je suis rentrée chez moi en « vérification » pour quelques jours. En rentrant en Communauté j’aurais voulu tout écrabouiller, faire semblant que tout allait bien mais, grâce à Dieu, j’ai été transférée dans une nouvelle maison où on m’a demandé de vivre beaucoup le silence et, grâce aussi aux prières de mes sœurs, ma conscience a commencé à crier. Pour la première fois je me suis trouvée devant moi-même avec un beau paquet de travail à faire. Ainsi, mon vrai chemin vers la lumière a commencé, ce que maintenant je ressens et vis comme un privilège et un grand don. Maintenant je suis dans la fraternité de Lourdes depuis peu et je remercie la Vierge parce que sa douceur est en train de me guérir. Aujourd’hui je vois que le pardon est plus fort que le péché ; aucune erreur ni fermeture ne peut empêcher Dieu d’aimer ses enfants et moi, maintenant, je me sens une fille aimée de Lui et de la Communauté. Aujourd’hui dans mon cœur, est né le désir de rendre cet amour et de vouloir apprendre moi aussi à aimer. Merci Jésus, merci mère Elvira, merci à toute la famille du Cenacolo: merci car vous avez donné la possibilité à mon histoire de « se tourner » vers le bien et de redécouvrir la vérité et la beauté de la vie.
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