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Cardinal A. Comastri

Homélie de son Eminence Révérendissime le Cardinal Angelo Comastri durant la Messe vespérale du vendredi 16 octobre dans la Basilique Saint Pierre
Très chers amis, les paroles de l’Evangile que nous venons juste d’entendre, sont surprenantes et méritent un approfondissement Jésus dit : « Je Te bénis, o Père, parce que tu as tenu ces choses cachées – c’est-à-dire l’Evangile –  Tu l’as tenu caché aux savants, aux intelligents, aux présomptueux, à ceux qui sont pleins d’eux-mêmes et qui n’ont pas la place pour accueillir la nouveauté de Dieu.  Je te bénis, o Père, parce que ceux-ci ne comprennent pas l’évangile, tandis que ceux qui comprennent sont les humbles et les petits, ceux qui n’ont pas le cœur gonflé d’orgueil, qui n’ont pas levé le mur de la présomption et sont entrés dans la nouveauté de Dieu ».
C’est ceci la nouveauté que Jésus est venu apporter : la nouveauté que les humbles, les petits comprennent.  La grande nouveauté est celle-ci : la force de Dieu, la toute - puissance de Dieu ne ressemble pas à la puissance du monde; la force de Dieu est la toute - puissance de l’amour et Jésus est venu dans ce monde méchant, violent, perdu, dans ce monde égoïste, pour mettre dans l’histoire, l’unique thérapie possible, la thérapie de l’amour.
L’évangéliste Jean écrit ceci au début de la passion : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout », et quand Jésus meurt sur la croix, il  prononce ces paroles : « Tout est accompli ».  Qu’est-ce qui est accompli ? Ce qui est accompli, c’est la révélation de Dieu, la manifestation de Dieu, la grande opération de Dieu qui a placé un acte d’amour infini dans l’histoire des hommes : celui qui rencontre cet amour est sauvé, celui qui s’ouvre à cet amour est libéré, celui qui ouvre le cœur à cet amour devient une créature nouvelle.  L’Apôtre Pierre, paradoxalement, résiste au début à cette nouvelle : quand Jésus, pour la première fois, annonça la passion, Pierre intervint de façon plutôt brusque, raconte l’évangéliste Matthieu, il prit Jésus et le tira à part et lui dit : « Seigneur, cela ne t’arrivera jamais ! ».
Pierre pensait que la passion serait une défaite parce qu’il n’avait pas compris que la force de Dieu, la force gagnante de Dieu est la force de l’amour, c’est la force de la bonté, de la charité, du pardon.  A l’heure de la passion  -  tous les évangiles le racontent de manière concordante  -  Pierre a eu un moment d’égarement, il a eu un moment de crise intérieure, de confusion intérieure et pendant que Jésus était jugé, Pierre ne le reconnaît plus comme le Fils de Dieu et arrive à dire : « Je ne sais pas qui c’est, je ne le connais pas, je n’appartiens pas à son groupe », il prend ses distances, il le renie précipitamment. 
L’évangéliste Luc raconte qu’à ce moment Jésus le regarda, le regarda intensément et avec le regard lui dit : “Tu vois Pierre, tu vois où tu es tombé, tu es dans un précipice terrible, mais justement parce que je suis le Dieu de l’amour, au fond du précipice, j’y suis moi aussi et je suis à tes côtés et si tu veux, tu peux recommencer, parce que l’amour est toujours prêt à recommencer”.  Pierre eut l’humilité de dire : « Seigneur, je me jette dans ta miséricorde, je me laisse embrasser par ta miséricorde, je te demande pardon ».
Ce pardon invoqué et reçu fut le début de Pierre apôtre et de Pierre prêt aussi au martyre, qu’il a vécu ici sur la colline du Vatican.  Cette colline est devenue ainsi un aimant qui attire le monde et aujourd’hui, vous a attirés  aussi, parce qu’ici Pierre a dit à Jésus avec le langage fort du sang : « Seigneur, toi, tu sais tout, tu sais que je t’aime ».  De cette façon, l’histoire de Pierre est aussi votre histoire : vous aussi vous avez découvert l’amour, vous l’avez découvert dans la Communauté Cenacolo ; vous aussi, vous avez ressenti l’amour comme une thérapie, comme un médicament, comme une cure qui renouvelle, une cure qui donne une vision nouvelle de la vie, une vision belle, juste, la vision de la vie libre de l’égoïsme. Imaginez encore  combien de fois ce miracle s’est répété dans l’histoire de l’Eglise.
En automne 1206, un jeune d’Assise, François fils de Pierre de Bernardone, était un jeune bourgeois, comme beaucoup de jeunes d’aujourd’hui ; fils d’un marchand enrichi et d’une certaine façon aussi enorgueilli, François était cependant insatisfait.  Il avait cherché à se réaliser avec l’argent, à la guerre, dans le succès, dans la recherche de la célébrité mais il était déçu.  Dans la petite église de San Damiano, Jésus se manifesta à François et lui dit : « François, François, répare ma maison qui, comme tu vois, tombe en ruine ».
François comprend que la force de Dieu est la force de l’amour et il reste blessé par cet amour, il reste impressionné par cet amour et sent au fond de lui le désir de répondre à l’amour de Dieu : ainsi naît le François chrétien, ainsi naît le François saint.   Teresa de Calcutta, en des temps plus proches de nous, au milieu de la pauvreté de l’Inde, a entendu un jour la voix de Jésus : « Teresa, m’aimes-tu ? Teresa, j’ai besoin de ton amour.  Teresa, j’ai soif de ton amour ».  Et vous savez que Sœur Teresa de Calcutta, au début, résista à cette voix ; elle pensa que c’était impossible pour elle, si petite, de répondre à cet amour, mais à la fin, elle s’en est remise à l’amour de Dieu et ainsi est née la belle œuvre des Missionnaires de la Charité que tout le monde connaît, une lampe allumée dans les ténèbres de l’indifférence, de l’égoïsme triste de notre époque.
Mère Elvira, elle aussi, dans son histoire, a vécu la même expérience, l’a partagée avec vous et vous a contaminés, parce qu’un rayon de lumière l’a rejointe et ce rayon de lumière s’est répercuté et est arrivé jusqu’à chacun d’entre vous, et vous êtes tous impliqués dans cette merveilleuse histoire d’amour qui a fait d’une petite part d’humanité un Cénacle, c’est-à-dire une maison de miséricorde, une maison où on se lave les pieds, une maison où on vit le commandement de l’amour, une maison où l’on célèbre l’Eucharistie et où on rencontre quotidiennement l’amour de Dieu ; et Marie vous a ouvert la porte du Cénacle, Marie vous a introduits dans le Cénacle, Marie vous a chuchoté l’Evangile, elle a été la mémoire de l’Evangile pour chacun de vous.
Je souhaite que l’étape d’aujourd’hui ne soit pas pour vous un point d’arrivée mais un point de départ, que ce soit pour vous une bénédiction que, comme une graine, vous devez continuer à jeter pour qu’elle porte encore plus de fruit et donne à de nombreux jeunes, la thérapie de Dieu, la thérapie de la miséricorde, la thérapie de la charité.
Loué soit Jésus Christ !

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