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S'éduquer pour éduquer

Dans ces pages consacrées aux questions éducatives, nous rapportons quelques points simples et concrets pris des catéchèses de Mère Elvira aux jeunes sur l’importance de l’éducation. Nous croyons que ces réflexions, nées de l’expérience vécue, peuvent nous aider à redonner de l’importance et de la valeur aux gestes simples mais fondamentaux de notre vécu.

“Enseigner qu’il y a Quelqu’un à qui nous pouvons demander pardon pour nos erreurs, de l’aide dans les moments de souffrance, de la force dans les moments de faiblesse, signifie offrir un appui sûr pour cette vie”
                       Mère Elvira


Eduquer à la présence de Dieu
Nous avons besoin de transmettre aux enfants depuis tout petits le grand don de la prière. Nous devons la vivre en famille: ils doivent voir, ils doivent sentir que Dieu habite dans cette maison, qu’il y a à le choisir et à le suivre pour après leur apprendre à parler aussi avec Lui. Ils doivent connaître la vérité: nous ne sommes pas leur tout. Pour cela voir que Papa et Maman sont agenouillés et parlent et écoutent un Autre, qu’ils demandent aussi pardon, remercient, demandent de l’aide à Dieu qui est le vrai Père de tous, les ouvre à une présence plus grande que nous. En effet le moment viendra où l’enfant grandit et verra nos défauts, nos limites, nos pauvretés, nos péchés, mais tout cela ne le fera pas s’écrouler parce qu’il aura déjà vu Papa et Maman se reconnaître pauvres, demander pardon à Dieu et se réconcilier, avoir besoin de s’agripper à Lui dans la prière et lui demander de l’aide. Je dis souvent aux parents quand ils disent “mon fils, ma fille” que ce n’est pas la vérité: “Il n’est pas à toi, c’est Dieu qui te l’a donné!”. Tu l’as reçu de Lui, et tu dois annoncer cette vérité à ton enfant: qu’il est enfant de Dieu avant d’être le tien. Dans votre maison vous vous êtes occupés de beaucoup de choses: faites aussi l’ange de la prière, où vous mettez le crucifix ou une image de la Madone avec l’Enfant, et de temps en temps dites à l’enfant: “Nous allons parler un moment avec Jésus”. Donnez un lieu et un temps à Jésus dans votre maison, et si vous le faites, vous les parents, les enfants grandissent en le sentant faisant partie de leur vie, ils l’accueillent comme un ami parce qu’ils respirent sa présence à travers vous. Nous devons les former à parler avec Jésus, mais eux ne peuvent pas le faire s’ils ne le voient pas faire par nous. Ils apprennent ce qu’ils voient, “perçoivent avec les yeux”. Et quand ton enfant est là, tu dois prier avec le sourire: lui alors perçoit que c’est beau de prier, que la présence de Jésus est importante. Si les enfants grandissent dans l’amitié avec Dieu, alors ils ne se feront pas de mal, alors ils ne prendront pas de risques, alors ils ne feront pas des choses pour lesquelles vous devrez ensuite pleurer. Beaucoup de jeunes de la Communauté me disent: “Si j’avais appris enfant ce que je suis en train d’apprendre maintenant, je me serais fait beaucoup moins de mal à moi-même, à mes parents, à la société!”. Enseigner qu’il y a Quelqu’un à qui nous pouvons demander pardon pour nos torts, aide dans les moments de souffrance, force dans les moments de faiblesse, signifie offrir un appui sûr pour cette vie. L’enfant a ainsi une référence vraie pour sa vie même quand toi Maman, toi Papa, vous n’êtes pas présents près de lui, quand il vit les contrariétés et les difficultés de la vie, les provocations ou les chutes, les désillusions ou les choix. Il saura à qui demander de l’aide, à qui demander pardon, à qui demander de la force! Même quand toi parent, tu ne seras plus, Dieu sera toujours là!

La Foi est vraie vie
Nous enseignons déjà aux enfants que la vie chrétienne est respect des affaires des autres, respect de la personne, amour des autres, pardon, nous leur enseignons que la foi est vie vraie.
Et les occasions pour éduquer à la foi sont infinies. Peut-être que tu viens d’avoir une dispute avec ton frère: “Regarde, même si ton frère te donne une gifle, toi ne lui donne pas aussitôt un coup de pied! Si à ce moment ton frère ne veut vraiment pas une caresse, toi , tourne-toi et va-t-en, mais  ne réplique pas  tout de suite, parce que toi,  tu es bon!”. Vous ne devez pas lui dire: “Tu dois devenir bon”, mais: “ Tu es bon, tu es bon!”. Lui alors dit: “ Moi je suis bon”. S’il ne peut pas dire aussi: “Moi je ne veux pas devenir bon, celui-là me donne toujours des coups de pied”. Au contraire: “Tu es bon, pourquoi rends-tu un coup de pied? Ne le fais pas!”, et s’il lui donne quand même un coup de pied en réponse à celui reçu, dis-lui: “Va demander pardon. Parce que, tu vois, quand quelqu’un pardonne, il devient souriant, il devient joyeux. Tu es plus content quand tu vas demander pardon!”. Et l’enfant découvre déjà petit que pardonner donne la paix. Et s’il arrive peut-être que votre enfant ramène à la maison des affaires qui ne sont pas les siennes, ne faites pas semblant que vous ne le voyez pas. Au contraire dites-lui: “Où as-tu pris ces affaires? Ce ne sont pas les tiennes, rapporte-les!”. Et lui te dit: “Non!”. Alors prends-le par la main avec paix mais avec fermeté et dis-lui: “Nous allons les rapporter ensemble où tu les as prises”. Il ne faut pas faire semblant de rien, parce que l’enfant sait qu’il a fait quelque chose qui ne va pas, il sait qu’il a besoin d’une correction et tu dois confirmer avec ton attitude ce que l’enfant perçoit déjà dans sa conscience. Conduis-le là où il a pris la chose et dis-lui: “Dépose-la!”. Et s’il pleure, tu n’en fais pas un drame, tu restes en paix et tu le laisses là pleurer jusqu’à ce qu’il ait déposé ce qu’il a pris, qui n’est pas à lui. Il apprend ainsi l’honnêteté, il apprend ainsi à ne pas voler. Combien de jeunes finissent en prison parce que personne, petits, ne leur a enseigné que ce qui n’est pas à eux, ne se prend pas, parce que beaucoup de parents ont vu que l’enfant avait des affaires qui n’étaient pas à lui mais ont fait semblant de rien. Si au contraire tu l’éduques, tout petit lui devient déjà un apôtre, déjà un témoin: à six, sept, huit ans, dix ans, on lui dit: “Mais allez, faisons ceci, prenons cela” et lui dit: “Non, je ne le prends pas, ce n’est pas à moi, je ne veux pas devenir un voleur”. C’est très beau parce qu’après, ces choses, il se les rappelle. Ensuite peut-être ils feront quand même des bêtises quand ils auront quinze, seize ans, ils s’écarteront un peu du droit chemin, mais peu importe. Ce qu’ils ont vécu de vrai, petits, a été enregistré pour toujours et reviendra, reviendra, reviendra...et vaincra!

( d’une catéchèse de Mère Elvira) 


Une chose que j’aime, ici en mission, est quand le soir, avant de dormir, nous nous mettons avec les enfants devant un tableau de la Madone pour remercier de ce que nous avons vécu et reçu durant la journée. Il est arrivé qu’un soir moi je n’avais pas envie de prier et je me disais en moi-même: “Mais oui, je les mets tout de suite au lit et c’est bien comme ça!”. Et eux au contraire, sans rien dire, se sont mis à genoux devant la petite Madone. Je pensais: “ Regarde ce qu’ils font! Imagine toi, comme tu es pauvre!”. Les enfants prient non par habitude mais parce qu’ils trouvent ce moment important et ils le veulent, ils ont déjà cette semence de foi à l’intérieur qui les tourne vers Dieu. Que d’enseignements je reçois chaque jour des enfants!

Ivana


On dit que la prière des enfants arrive directement au coeur de Dieu... entre purs de coeur, ils s’y connaissent! Quand ils se tournent vers Jésus, les enfants n’utilisent pas de formules ou de prières toutes faites. Ils parlent simplement avec Lui, comme on fait avec un ami et lui présentent les situations de la journée, les personnes qu’ils retiennent avoir besoin de Son aide, les désirs de leurs petits coeurs, pleins de vie et d’idées. En observant la simplicité avec laquelle les enfants se tournent vers le Ciel, nous les grands nous apprenons à parler avec Jésus et à nous confier en Lui. En effet je remarque que quand dans une prière les enfants confient quelqu’un ou quelque chose au Seigneur, ils le font et cela suffit. Ils ne reviennent plus là-dessus. Parce qu’ils savent que Jésus les a écoutés, ils savent que leur prière ne s’est pas perdue dans le néant. Et des confirmations que Jésus écoute la prière des petits, nous en avons beaucoup, chaque jour! A titre d’exemple, il fut un temps où là en mission on supputait la possibilité de l’arrivée d’un cheval, ou mieux, on rêvait sur cette possibilité.
On pensait le mettre dans la maison où vivent les garçons plus âgés, qui sauraient en prendre soin, mais l’idée était de l’utiliser avec les enfants. Seulement, au Brésil comme en Italie, acquérir un cheval n’est pas exactement comme acquérir un chat! Hé bien: les enfants ont prié, qui plus qui moins. Nos enfants ont pris la chose au sérieux, ils ont espéré un cheval, ils ont demandé à Jésus avec simplicité et confiance et, après quelques mois, un beau jour le cheval est arrivé! Beau, blanc, de race et... totalement offert!
Un autre jour durant un moment de prière à la chapelle quelques petits enfants, parmi lesquels Benedetta, notre fille de trois ans, étaient présents. Elle semblait avoir la tête dans les nuages, elle semblait complètement distraite, cependant à un certain moment, à voix haute, lentement et en souriant elle a commencé à dire ainsi: “Pour ma maman, pour Papa, pour les petits frères, pour les fleurs, pour les jeux,  pour le cheval, merci Jésus”. Ce fut un chant de louange simple mais beau et vrai. Peu de mots, simplicité et clarté, sont les meilleurs ingrédients d’une prière bien faite.
Comme parents je crois que nous avons le devoir de rendre nos enfants proches de Jésus, pour faire en sorte qu’ils le rencontrent comme un ami qui les aime et les écoute: nous leur aurons transmis le secret pour une vie pleine de joie!

Gaia et Gianluca


Enseigner aux enfants à prier a été pour moi une expérience riche de foi et de luttes, parce qu’il s’agit de redonner confiance à des enfants qui n’ont jamais eu un visage affable d’un père et d’une mère qui les aime.
Mais rapidement ils sont vraiment les plus amoureux de la prière, même si parfois c’est difficile de les faire prier. Il faut trouver un espace de prière où ils puissent s’exprimer, où la prière ne soit pas déjà “toute faite”. Et là ils savent ouvrir le coeur à une relation simple, profonde et authentique avec le Seigneur. Leur capacité de se souvenir de celui qui est dans le besoin, de celui qui souffre le plus, m’a toujours étonné. La grandeur des enfants est qu’ils n’ont pas peur de demander trop ou l’impossible. Vraiment leur foi est grande!

Jérome 

Quand Laura avait trois ans j’ai perdu ma Maman, en vivant une très grande douleur; je me suis éloignée énormément de la foi et j’avais décidé de ne plus prier la Madone. Ainsi j’ai fait grandir mes filles dans la misère du coeur et je ne leur ai pas donné d’éducation chrétienne.
En grandissant, Laura a ensuite entretenu des amitiés fausses, en trouvant toujours des personnes sans vie de prière, sans Dieu. Elle se sentait perdue parce qu’elle n’avait pas la joie dans le coeur et moi je continuais à ne pas comprendre d’où venait son malaise. Je cherchais à tout lui donner: argent, divertissements, vêtements, tout ce qu’elle pouvait désirer ou demander, et je pensais qu’ainsi elle serait heureuse et se réaliserait. Quand un jour nous avons découvert qu’elle se droguait, le ciel nous est tombé sur la tête, nous nous sommes sentis battus et en échec, impuissants face à un problème aussi grand. Mais grâce à Dieu en ce moment dramatique nous avons rencontré la Communauté et nous avons perçu que c’était l’endroit juste pour Laura, parce qu’on parlait de prière! Je sentais qu’il fallait qu’elle fasse entrer la prière dans son coeur. Et je me rappelle bien que Laura nous a dit: “Mais moi je ne prie pas... et là il y a beaucoup de prière!”. Et moi je lui ai répondu: “Bien, tu apprendras...” “Mais tous ces gens qui se mettent à genoux...” “Et alors?...respecte-les. Si tu ne veux pas le faire, ne le fais pas, personne ne t’y oblige”. Ainsi est arrivé le jour où elle est entrée en Communauté. Ce jour-là a été triste mais en même temps joyeux, parce que nous savions que nous étions en train de choisir enfin le vrai bien pour notre fille. Je me souviens qu’après quelque temps, en demandant des informations à la responsable  de la fraternité, elle nous dit: “Votre fille s’est mise à genoux et prie”. Voilà, moi à ce moment, j’ai éclaté en sanglots, en pensant: “Seigneur, tu es vraiment en train de travailler dans son coeur! Merci Jésus pour le don de ta Résurrecion dans la vie de notre fille”.

Maman Franca


L’éducation à la foi arrive dans le contexte d’une expérience concrète et partagée. L’enfant vit à l’intérieur d’un réseau de relations éducatives qui dès le commencement en marque la personnalité future. Aussi l’image de Dieu, qu’il portera en lui-même, sera caractérisée par l’expérience religieuse vécue au cours des premières années de vie. D’où l’importance que les parents s’interrogent sur leur devoir éducatif au niveau de la foi: “Comment vivons-nous la foi en famille?”; “Quelle expérience chrétienne vivent nos enfants?”; Comment les éduquons-nous à la prière?”.
Le point de référence exemplaire reste la famille de Nazareth, où Jésus “ grandissait en taille, en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes” (Lc 2,52)

                                  Conférence Episcopale Italienne – Eduquer à la vie bonne de l’Evangile

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