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Homelie du IV Dimanche de Carême

Les lectures de ce dimanche nous font anticiper la Résurrection, nous parlent du passage de la mort à la vie.  Pâques est un passage, une transformation de l’esclavage vers la liberté.  Le peuple d’Israël la célébrait dans le souvenir du passage de l’Egypte à la terre promise: la mer s’était ouverte et le peuple s’était mis en route vers la liberté.  En Jésus, Pâques devient passage de la mort à la vie et révèle que la vie est éternelle, que Dieu vainc la mort, que l’amour et la miséricorde de Dieu manifestés par la croix de Jésus, sont plus forts que le péché qui l’a tué.  Aujourd’hui à deux semaines de Pâques, il semble que l’Eglise déplace un peu les aiguilles de l’horloge et commence à anticiper ce mystère lumineux de notre foi: Jésus est ressuscité pour nous faire ressusciter aussi, Jésus est vivant pour nous redonner la vie, Jésus est la miséricorde qui se révèle plus forte que le péché   parce que nous aussi nous pouvons sortir de notre sépulcre où le mal nous enferme et sur lequel il met parfois une pierre.  Il y a de nombreuses morts dont nous devons ressusciter et la Parole de Dieu d’aujourd’hui nous en révèle quelques unes.
La première lecture nous parle de la mort de la liberté, quand le prophète Ezéchiel dit cette parole au peuple au nom de Dieu: “Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël”. Le peuple est esclave et Israël a été occupé, la terre a été dévastée, le temple a été détruit et le peuple a tout perdu, il se sent mort; il existe encore mais est mort au-dedans, il est esclave à Babylone. Quand l’homme perd la liberté de son foyer, de sa terre et perd la foi, il est vivant, mais mort au-dedans, alors Dieu se révèle comme Celui qui est capable de faire renaître l’espérance, l’espérance de cette terre promise dans les coeurs des peuples. Dieu fait ressurgir la liberté, combien de fois l’avons-nous expérimenté. Il y a beaucoup de terres dans lesquelles ce fut difficile de conquérir la liberté, pensons aux années de communisme où la liberté était écrasée par un système dans lequel on avait une terre mais où on ne se sentait pas libre, une maison mais où on n’était pas libre d’y vivre.
Jean-Paul II, par sa foi, a même fait crouler les murs qui dans l’histoire séparaient les terres, les peuples, les nations. Ce cri “Ouvrez les portes au Christ” lancé aux coeurs des hommes, aux familles, aux systèmes politiques, au début de son pontificat, a été une bénédiction qui, pas à pas, a fait crouler tous ces murs de l’histoire qui empêchaient l’homme d’être libre. “Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai sortir”, le mal nous enferme dans la tristesse, dans le mensonge, dans la peur; la liberté et la vérité de Dieu ouvrent, comme une mer qui s’ouvre et dans laquelle on peut marcher.
La seconde lecture nous parle d’une autre mort dont nous devons ressusciter. Quand saint paul parle aux romains, la petite Communauté chrétienne née à Rome n’est pas esclave. Saint Paul annonce cependant que l’homme a besoin d’être libre en lui-même. La liberté politique ne suffit pas, il ne suffit pas d’avoir une terre, une maison. Si l’homme n’est pas libre en lui-même, alors il n’est vraiment pas libre. Saint Paul annonce l’existence d’une tentation qui nous fait perdre la joie et la liberté de la vérité: celle de nous laisser dominer par la chair. Vivre sous la domination de la chair est notre esclavage, les plaisirs des choses ne nous donnent pas la liberté mais nous l’enlèvent.
Beaucoup de fois nous vivons dans l’illusion que les choses qui nous plaisent nous donneront la liberté, mais après, nous nous apercevons que le plaisir nous achète la liberté et nous rend esclaves et nous humilie. Alors comme c’est important pour nous de ressusciter, de devenir des hommes nouveaux, saint Paul annonce: “Or vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous”. Voici la vraie liberté, celle d’être habités de l’Esprit de Dieu. Vivre selon les plaisirs, de ce qui apaise apparemment la vie,mais qui en réalité par la suite la détruit de l’intérieur, vide la vie de sa véritable force, vide la volonté de son essence et de sa valeur, vide la liberté parce que la liberté faussée devient déception et mensonge. Quand nous sommes habités par l’Esprit, il y a la vie, il y a la liberté du coeur, il y a aussi la liberté après le péché, après la fragilité, parce qu’elle est cette liberté de  la conscience qui dans la vérité se laisse embrasser par la miséricorde de Dieu.
Dans l’Evangile, Jésus entre dans cette maison où, à chacun de Ses passages, Marthe, Marie et Lazare faisaient l’expérience de la vie, de Quelqu’un qui donne un sens à la vie, qui réveille du sommeil de la mort, parce que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais Celui des vivants. “Je suis’, dit Jésus à Marthe, “la Résurrection et la vie”: quelle parole grandiose! C’est la vérité de la vie de Jésus et la vérité de ce que Jésus est venu apporter: la Résurrection et la vie. Jésus est venu dire aux morts: “Venez dehors!”, à celui qui est prisonnier: “Sois libre”, à celui qui est aveugle: “Vois”, à celui qui est muet: “Parle”, à celui qui est sourd: “Ecoute”. Mais Jésus aujourd’hui s’émeut, Il pleure: c’est l’amour de Dieu qui pleure pour l’homme, pour son ami mort. Jésus nous révèle l’humanité de Dieu. Dieu nous aime au point de pleurer pour notre mort comme nous pleurons la mort d’un ami, d’une amie, d’une mère, d’un père, d’une soeur, d’un enfant. Jésus pleure pour l’ami Lazare mort, Il pleure pour cette famille qui souffre, Il pleure pour chaque homme que la mort arrache au grand don de Dieu, qu’est la vie. Mais l’amour de Dieu ne s’arrête pas aux pleurs, Il fait un pas en avant: c’est notre espérance! Même si nous pleurons une amie, une soeur, un enfant, tout ne s’arrête pas là, parce que Jésus va dans ce tombeau déplacer la pierre que nous avons mise. Dans deux semaines il n’y aura besoin de personne pour rouler la pierre mise devant le tombeau de Jésus, ce sera la force de Dieu le Père qui dira à Jésus: “Viens dehors!”. Maintenant c’est Jésus, le Fils de Dieu, qui dit à l’homme, qui crie: “Lazare, viens dehors!”, c’est Dieu qui crie à l’homme: “...Ne reste pas là, dans tes péchés, dans tes fermetures, dans tes peurs, dans tes projets qui parfois deviennent une tombe, dans tes pensées, dans ton égoïsme, ton orgueil... ne reste pas là, viens dehors”.
L’homme est fait pour la liberté, il est fait pour de grands espaces lumineux, il n’est pas fait pour un lieu sombre, gris, couvert d’une pierre. “ Le mort sortit, les pieds et les mains attachés avec des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit: “Déliez-le et laissez-le aller”.”. Mère Elvira quand quelqu’un arrivait de la prison en communauté, lui disait: “Souviens-toi que tu es sorti de prison, mais qu’il y en a une autre bien plus triste, avec des barreaux bien plus rigides et durs que ceux que tu as laissés là, c’est la prison du péché, de la tristesse, du mensonge, de la fausseté”.
Jésus redonne une maison, une terre, un lieu où on peut retrouver la liberté. Jésus libère les personnes qui étaient esclaves des plaisirs de la chair: le plaisir de la drogue, du sexe, de la nourriture, de la violence, de la transgression et oriente cette liberté de manière nouvelle. La vie de ces jeunes habitée de l’Esprit de Dieu devient un corps de chair capable de gestes de pureté et d’amour vrai. Jésus fait ressusciter les morts; de nombreux “Lazare”, de “grands lazare” sont ressuscités en communauté, sont sortis de la paresse, de la crasse, d’une vie triste, de la dépression, du péché qui attriste, abrutit et enferme.
Lazare est couvert de bandes, lié par le mal, parce que le mal nous lie, empêche les gestes d’amour, les gestes de liberté, il nous empêche de marcher, de regarder, de parler, d’écouter, d’aimer, d’embrasser, de tendre les mains. Lazare est ressuscité et libéré. Demandons alors au Seigneur qu’au cours de ce chemin vers Pâques, nous puissions, nous aussi, ressusciter là où parfois le mal nous cloue. Quand l’homme dit “Je crois”, il ressuscite à une vie nouvelle. Demandons-le pour nous et pour tous ceux qui ont besoin de ressusciter dans la vraie liberté. Merci.  

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